Bertrand Minetti

Magnétiseur – Énergéticien
à Nancy et en Meurthe et Moselle, 54

JE ME SUIS ABANDONNÉE

Texte magnifique sur l’abandon de soi.

Petite, j’ai vécu l’abandon dans ma chair et dans mon corps. J’ai senti ce vide béant de ne pas avoir de parents pour prendre soin de moi. Mon père est parti, ma mère a travaillé et lutté, puis s’est écroulée de fatigue, déprimée. Ce vécu laisse des traces indélébiles. Un vide béant. Mais pour survivre à cela, l’enfant que j’étais a créé une carapace, une stratégie pour s’en sortir. Cette stratégie a été l’oubli de cet épisode et la construction de barricades autour de mon corps et de mon cœur meurtri.

J’ai alors grandi… Et ma tête a oublié…

Mais, mon corps non… Au fond de lui était tapi le monstre de l’abandon.

Quel fut le résultat de ce vécu enfoui au tréfonds de mes entrailles ?

La reproduction du schéma et de cette programmation initiale.

L’abandon de mes parents m’a conduit au fur et à mesure et de façon inéluctable à reproduire la même chose : m’abandonner moi-même.

Le monstre était tapi et il a œuvré à mes dépends tout au long de ma vie, sans que j’en aie la moindre conscience.

Cet abandon de moi-même a pris de multiples formes qui parlaient toutes de cette blessure initiale non guérie et enfouie :

– Abandon de moi-même par le choix d’un homme incapable de prendre soin de moi, qui me trahissait dès que la première occasion se présentait. Choix d’un homme qui m’a mise sur la paille en contractant des emprunts à mon Nom sans me le dire. Choix d’un homme qui mentait et qui m’abandonnait tous les soirs pour faire la fête, me laissant seule avec mes deux filles. Et je suis restée là onze années, à l’attendre chaque soir en espérant recevoir un peu d’amour…

– Abandon de mes envies et de mes passions par le choix d’études laborieuses et d’un travail inintéressant. Ma vie ne se résumait qu’à de longues heures de labeurs devant mon ordinateur.

– Abandon de ma dignité en restant dans un poste, malgré un patron pervers, auquel je ne faisais aucune remarque malgré ses mains baladeuses.

– Abandon de mon corps, en mangeant plus que de raison, pour faire taire le vide béant et le démon qui m’habitaient, sans en avoir la moindre conscience.

– Abandon de mon apparence en ayant 20 kilos de trop.

– Abandon de ma santé en fumant deux paquets de cigarettes par jour.

– Abandon de mon corps, en ne faisant aucune pratique sportive.

– Abandon de mes sensations dans des loisirs futiles : sorties, fêtes arrosées, mondanités qui me donnaient l’illusion d’exister.

– Abandon de mon âme, en ne nourrissant aucun but élevé ; en n’ayant aucun sens profond dans ma vie ; en ne nourrissant aucune des valeurs chères à mon cœur.

 Je pourrais continuer la liste indéfiniment tellement la blessure de l’abandon m’a conduite à ma désertion et même à ma désertification.

L’abandon m’a poussée à être en dehors de moi, non présente, non attentive à mes sensations ou à mes besoins profonds. L’abandon m’a poussée à être toujours dans l’attente, mais jamais présente.

Pire, les autres étaient là pour remplir une dette.

Je créais du lien pour que l’autre remplisse ce vide que j’étais incapable de combler.

J’attendais que l’autre me donne ce que je n’avais jamais reçu.

Et comme cela, je finissais par devenir un parasite incapable de donner et qui attendait son dû.

L’ « alien » de l’abandon poursuivait donc son œuvre…

Tout cela n’était pas conscient et très insidieux…

Ce que je pensai être du don n’était que du sacrifice et de l’abandon de soi dans l’espoir de recevoir quelque chose en retour. Mais ce recevoir n’arrivait jamais. Car le recevoir je ne savais pas à quoi il ressemblait… Et pire… même si je recevais, le gouffre était tellement profond que j’étais incapable de l’apprécier à sa juste valeur…

Le démon tapi dans l’ombre n’était jamais rassasié.

J’ai donc longtemps attendu de recevoir. Cela n’est jamais arrivé.

Pourquoi ? Parce que je me suis abandonnée, comme on me l’avait enseignée. Par ce que j’attendais au lieu d’être présente.

Étais-je condamnée à jamais ?

Non…

Moi il m’a fallu un électrochoc pour faire tomber la carapace et pour me mettre enfin en lien avec ce vide, avec ce gouffre, avec l’ « alien »… Le sentir et le voir a été le seul moyen de guérir.

Non conscient, ce démon n’aspirait que du factice.

Conscientisé, il a fait mal, mais cela a été la seule manière de pouvoir le panser.

Face à ma solitude, à mon vide, à mon abandon, j’ai pu voir l’ampleur du désastre. J’ai pu sentir mon corps dévasté de tristesse et lourd de trop de nourriture et d’absence de sport.

La solution est alors devenue limpide…

Ne plus attendre… Être présente à moi-même… Sentir chacune de mes sensations pour connaître mes besoins profonds et les nourrir…

Et ce n’était pas un homme qui pourrait le faire à ma place.

Le lien entre mon enfance et ma vie est devenu alors évident : on m’abandonnait ou me trahissait, car je m’abandonnais et me trahissais.

Plus besoin d’être en colère contre les autres… C’était moi aujourd’hui la responsable de mon désastre !

Cela ne servait à rien non plus de regarder en arrière… La solution ne viendrait que dans le présent !

J’avais maintenant la clé pour inverser le cours des choses.

Je me suis donc mise à faire ce que j’aimais. Je me suis donc mise à sentir et à vivre.

Et au fur et à mesure, la joie est revenue. Cela n’a pas été facile. Cela m’a demandé du courage et de la discipline.

Je me suis mise à créer, à écrire et à inventer mon propre métier.

Vous avez le résultat de cette résilience aujourd’hui devant vos yeux : mon roman «  Au Nom du Corps », mon blog, ma page Facebook, mes stages en pleine nature dans des lieux magiques, mes futures formations en ligne, mon magazine, ma société de formation en entreprise.

Je témoigne pour vous dire que le changement est possible…

Je me suis mise à manger sain. Je me suis mise à la pratique du sport. Je me suis mise à marcher dans la nature. Je me suis octroyée des plages de repos de plus en plus longues. J’ai pris soin de moi.

Je ne dis pas que tout cela se fait facilement. Il faut du temps.

Il y a une discipline pour le bonheur. Le bonheur se construit quand on n’a pas appris.

Parfois, de vieux démons m’assaillent encore, de vieux scénarios investissent encore ma tête… Mais quand cela se produit, je le regarde en face et je m’occupe de lui. Je lui donne de l’amour. Je mets de la lumière sur mes ombres…

Et je sais une chose…

Je ne m’abandonnerai plus jamais…

 Publier par CAROLINE GAUTHIER